Spektrum

photo : Benoît DE CARPENTIER

Deux figures, l’une réaliste, l’autre allégorique, se partage un espace clos et oppressant. Elles sont peut-être les deux faces d’une même entité, accrochée à son humanité en même temps qu’elle a déjà disparu de la surface du monde.

C’est l’homme et la mort, la disparition, le rituel extatique et transitoire. C’est un temps infini, une immobilité fulgurante et un rictus horrifiant.
C’est enfin la confrontation de l’humain à ses racines bestiales et à son devenir fantomatique.

“ Nous nous connaissons depuis 17 ans. Nous nous sommes rencontrés à l’École de Danse de l’Opéra de Paris en 1993. Renvoyés en 1995 nous intègront cette même année le Conservatoire National Supérieur de Paris, et suivons le cursus de danse classique pendant 5 ans.

En 1999, Guillaume est engagé au Ballet du Nord, et Vidal au Ballet du Rhin. Après un court passage dans ces compagnies de répertoire, nous les quittons pour travailler avec des chorégraphes contemporains avant-gardistes et radicaux, Jan Fabre pour l’un et Felix Ruckert pour l’autre.
Simultanément, nous commençons à construire notre propre travail chorégraphique, en nous appuyant sur des pratiques, des thématiques et des influences différentes, voire opposées, tout en continuant nos parcours d’interprètes auprès de Gisèle Vienne pour Guillaume, et de Louis Ziegler pour Vidal.

Ce sont ces parallèles et ces divergences dans nos parcours qui sous-tendent aujourd’hui cette confrontation.
En menant une réflexion autour de la figure du fantôme (philosophique, anthropologique, et fantas­tique) c’est d’abord dans nos mythologies personnelles que nous puiseront notre inspiration.
Par fantôme, il faut comprendre le double, l’alter ego, le simulacre, les projections, le désir d’un ailleurs, la menace, etc. L’aspect protéiforme de la figure du fantôme varie selon les cultures et le rôle que les hommes lui accordent.
Il représente avant tout notre impossibilité à concevoir la mort, notre besoin de créer des doubles pour nous arracher de la contingence mortelle, pour vivre enfin une vie dégagée et libre.
Le fantôme est le double qui est en même temps l’autre, le même qui n’est pas le même. En com­posant un collage où s’articule différents éléments venant de registres personnels, fictifs ou abstraits, l’idée est de créer « nos » fantôme fantasmé afin de mettre en lumière le mouvement élémentaire de l’esprit humain qui ne pose et ne connaît son intimité qu’extérieurement à lui.

Ce projet est aussi par extension une réflexion sur notre statut d’interprète comme double/simulacre du chorégraphe, comme vaisseau pour transmettre les projections de celui-ci et du public. Par l’aliénation, l’exploration du parallèle vivant/mort et présent/absent, nous posons ainsi la question de la présence, de l’interprétation et de l’autonomie, l’interprète comme acteur vivant et conscient du spectacle ainsi que comme apparition mortifère de son double vivant.

Et c’est l’énergie dramatique qui se dégagera de ces tentatives d’existence du double détaché de l’original, qui constituera le spectacle de cette confrontation. “ Vidal Bini & Guillaume Marie

 

de et avec : Vidal BINI, Guillaume MARIE
musique: Greg SMITH
lumières: Geoffrey SORGIUS

production: KiloHertZ
coproduction: Le Grand Jeu et le Théâtre du Marché aux Grains – Atelier de Fabrique Artistique – Bouxwiller
aide à la réalisation: La Filature, scène nationale de Mulhouse; Pôle Sud, scène conventionnée danse et jazz de la ville de Strasbourg; Dock11 / Eden*****, Berlin
avec le soutient de: DRAC Alsace, Ministère de la Culture et de la Communication; Ville de Strasbourg; SPEDIDAM